Biotope est un livre israélo-normand, comme son narrateur, Joseph Schimel, un homme né en Israël d’un père israélien et d’une mère originaire d’Arromanches. Dans le passé, Schimel a été étudiant en lettres à Tel Aviv, avec un très beau sujet de thèse : «la Nourriture, la gastronomie et les restaurants dans la Comédie humaine de Balzac». Il s’est fait piquer son sujet et des dizaines de pages par sa directrice de thèse. Qui, grâce à un répugnant chantage, lui permet de vivoter quelques années comme lecteur avant qu’il ne se fasse virer de l’université. Dans cet atroce épisode, dans la naïveté de Schimel et l’inéluctabilité du piège, il y a quelque chose de très kafkaïen. Pattern qui se répétera quand il croisera la route d’un colon religieux, escroc hors catégorie.
Au moment où le lecteur fait sa connaissance, Schimel travaille comme «agent d’intégration». Il est chargé d’accompagner des immigrants français fortunés, de leur «traduire la complexité de la réalité israélienne» et de leur répéter «patience, patience», en hébreu et en français. Ça donne des scènes très justes et très cocasses.
A part ça, notre narrateur nous fait la chronique minutieuse d’une vie étriquée dont il s’accommode sans amertume. Il décrit ce qui se passe sous ses fenêtres dans l’hypercentre pollué de Tel-Aviv. Une station où se croisent 12 lignes de bus (sa cuisine sur rue est tellement bruyante qu’il attend la nuit ou le shabbat pour faire la cuisine). Et un centre de