Quevedo est le nom du poète le plus célèbre et le plus sarcastique du Siècle d’or espagnol, période religieuse plongée dans ces trois vases communicants dont toutes sortes de vices sortent comme une portée de lapins du chapeau : fanatisme, puritanisme, hypocrisie. C’est aussi le nom, romanesque, d’un vieux salaud qu’on retrouve mort chez lui, émasculé et sodomisé, trois doigts coupés au sécateur, dans le luxueux appartement d’un immeuble donnant sur le Malecón de La Havane. Dans les années 1970, la sinistre décennie grise du régime castriste, Reynaldo Quevedo était un apparatchik qui dominait le monde culturel. Il a détruit la vie d’un nombre non négligeable d’écrivains et d’artistes qui n’étaient pas jugés conformes à la ligne révolutionnaire ou/et qui étaient homosexuels. Il les faisait chanter, volait leurs œuvres qu’il posait sur ses murs, dans sa bibliothèque. Et, tout en ayant femme et fille, il était homosexuel : Tartuffe à Cuba. Une jeune poétesse, Natalia Poblet, ne pouvait plus publier, ni obtenir un emploi correct. Quevedo et ses sbires l’envoyèrent nettoyer les chiottes dans des camps paysans. A l’occasion, le gendre de celui-ci chiait et pissait devant elle pour l’obliger à nettoyer. Elle possédait un objet qu’ils convoitaient. Comme tant d’autres, elle s’est suicidée.
Société pervertie par la dictature
Dans les années 80, Quevedo est devenu attaché culturel en Bulgarie, où il a profité de