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Mercredi pages jeunes

Pages jeunes : «Au bout du monde», d’Anna Desnitskaya, le morse comme trait d’union

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Vera et Lukas, deux enfants en quête d’amitié, se découvrent par-delà l’océan Pacifique, grâce à la magie de leurs lampes torches.
Une histoire d'amitié à base de morse entre Lukas le Chilien et Vera la Russe. (Anna Desnitskaya)
publié le 3 janvier 2024 à 14h00

C’est l’histoire de deux destins séparés par des centaines de milliers de mètres cubes d’eau. Une histoire de solitudes, d’amitiés en transparence. D’abord, il y a Vera. A moins qu’il y ait d’abord Lukas. A vous de voir, Au bout du monde se lit dans les deux sens. Prenons Vera. La jeune Russe vit sur la côte est de la péninsule du Kamtchatka. Au bout du monde, dit sa mère. Une terre où l’on ne peut croiser aucun serpent, mais bien des ours bruns, des macareux huppés et des rennes. Une terre où Vera dévore avec délectation les syrniki préparés par sa Babouchka, fait des nœuds marins et s’exprime en morse avec sa lampe torche. Quand elle sera grande, elle sera navigatrice et traversera tout l’océan Pacifique, jusqu’au Chili. En attendant, Vera se sent seule. Il y a bien Mouche, sa chienne, mais ça n’égale pas un ami, un vrai. Quelqu’un à qui elle pourrait montrer la fenêtre magique secrète qu’elle a fabriquée dans le sol, au pied du buisson d’aulne.

Squelettes de dinosaures

Lukas, lui, est Chilien. Il a quitté Santiago avec sa famille pour s’installer dans une petite ville au bord de l’océan. Au bout du monde, dit sa Mamie. Au Chili, on peut croiser des condors des Andes, des tatous et des manchots de Magellan. Ce que Lukas préfère, ce sont les ammonites trouvées sur la plage et les squelettes de dinosaures. D’ailleurs, quand il sera grand, il sera paléontologue. En attendant, Lukas se sent seul. Il n’a pas d’amis dans sa nouvelle ville, et on ne peut pas dire qu’il en ait vraiment eu à Santiago. Et Nero ne compense pas le manque : un chat ne sait pas jouer au foot. Le garçon aime bien se promener sur la plage, le soir, avec son père. Et envoyer des signaux en morse avec sa lampe torche par-delà l’océan, dans l’espoir qu’un jour, une âme lui réponde. Tiens, mais qu’est-ce que c’est que cette lumière ?

Au bout du monde est un joli récit plein de mélancolie, mais aussi de poésie et de douceur. Une histoire d’espoir, dans laquelle deux jeunes gens esseulés que tout sépare, à commencer par un vaste océan, se découvrent un alter ego grâce à la magie du morse. L’occasion d’en enseigner l’usage à votre enfant – le code est détaillé dans le livre – et de voyager, globe terrestre ou planisphère en main, d’une rive à l’autre de l’histoire.

Au bout du monde d’Anna Desnitskaya, traduit du russe par Margaux Rochefort, La Partie, 48 pp., 15,90 €. A partir de 5 ans.