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Paolo Cognetti, par monts et par maux

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Montagnes d'ailleursdossier
La rencontre d’êtres en quête de souffle, dans un refuge du val d’Aoste.
L'église au lac du Miserin à Champorcher. (DEA / S. VANNINI/De Agostini via Getty Images)
publié le 4 septembre 2021 à 12h14
(mis à jour le 6 septembre 2021 à 10h47)

Au départ, c’est un refuge. Un lieu de rencontre qui nourrit et aimante. Il s’appelle le Festin de Babette, hommage au film de Gabriel Axel et à la nouvelle de Karen Blixen. A Fontana Fredda, le petit restaurant est le seul lieu de vie. Il est tenu par Babette qui «a tendance à adopter les orphelins et à chercher des solutions pratiques aux problèmes existentiels». Devant un café ou une grappa, on y croise Santoro, «patron des ermites», montagnard de peu de mots et parfois dameur de nuit entre les «ombres étirées des mélèzes». Babette est secondée par Silvia la serveuse, qui a «toujours suivi les autres. Et laissé un peu faire le hasard, […] peut-être suivi la vocation des autres». Mais, à 27 ans, cette rousse de la ville est finalement montée seule à Fontana Fredda, dans le val d’Aoste. Enfin, voilà Fausto. Un homme en rupture, qui vient de quitter Milan et Veronica. Et se définit comme un «abruti de quarante ans sans famille, ni travail, parti suivre son utopie ridicule du vis-là-où-tu-es-heureux». Les montagnes sont son horizon, l’alcool une béquille et l’avenir un paysage en point d’interrogation.

Bientôt, à la première neige, au premier voile de glace, le Festin de Babette va devenir un embarcadère. Pour les hauteurs, la forêt, le large, la ville, la vieillesse. Chacun son chemin, qui n’est pas tracé, qui n’est pas toujours une fuite en avant.

«Je pourrais me libérer de tout, sauf de la solitude», écrivait, en 2016, Paolo Cognetti