En 1977, près de Parme, dans une petite chambre, un adolescent italien ouvre «un livre sans couverture, raison pour laquelle ni le nom de l’auteur ni le titre n’étaient visibles». Le livre appartient à son grand-père. On dirait un polar. «Je me suis mis à le lire, écrit Paolo Nori pendant le confinement, et, ne pouvant plus m’arrêter, j’ai interrogé ma mère, laquelle m’a dit qu’elle l’avait aimé elle aussi et que c’était un livre d’un écrivain russe du nom de Dostoïevski, qui s’intitulait Crime et Châtiment.» Puis, «de 1977 jusqu’au jour où j’ai commencé à écrire ce roman, en 2019, je n’avais plus relu Crime et Châtiment.» Pourquoi ? «Parce que j’avais peur. / Et cette peur était la suivante : s’il ne me plaisait pas, je risquais de croire que j’avais raté ma vie.» Spoilons : il l’a relu et le roman lui a plu. A un ami de Dostoïevski qui en disait le plus grand mal après avoir publié une biographie où il en avait dit le plus grand bien, Tolstoï répondit : «Vous dites que Dostoïevski se dépeignait sous les traits de ses héros en imaginant que tous les hommes étaient ainsi. Et alors ! Le résultat est que ces personnages ont beau être des exceptions, nous nous reconnaissons en eux, nous reconnaissons notre âme, et pas seulement nous qui lui sommes parents, mais aussi les étrangers. Plus l’on puise profond, plus tout devient commun, connu, familier.» Paolo Nori a donc voulu, écrit-il, «faire le terrible effort de me rega
Récit en miroir
Paolo Nori possédé par Dostoïevski
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L'auteur italien Paolo Nori. (Claudio Sforza)
par Philippe Lançon
publié le 19 janvier 2024 à 12h10
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