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Histoire

Parents poules et enfants rois au Moyen Age

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En plongeant dans les archives européennes, Didier Lett déconstruit l’idée longtemps répandue selon laquelle, à l’époque médiévale, les enfants étaient moins désirés, puis moins aimés, qu’ils le sont aujourd’hui.

«Le nourrisson», extrait du Livre des propriétés des choses (l'Isle-sur-Arnonv et Ahun, 1479-1480). (BNF)
Publié le 25/09/2025 à 4h50

Confrontés au très haut risque de mortalité de leurs enfants, les parents du Moyen Age auraient évité de trop s’attacher à ces petits êtres, si fragiles que leur disparition semblait plus probable que leur survie. Par autoprotection ou résignation, ils se seraient interdit l’amour parental, banalisant cette perte, jugée dans le futur insupportable. Telle était la théorie de Philippe Ariès dans l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, paru en 1960, réédité en 1973. Si cet ouvrage a créé un nouvel objet de recherche, son succès fut tel qu’il a bloqué durant des décennies toute critique. Le début de notre siècle a enfin remis en cause la référence arièsienne qui, néanmoins, imprègne encore parfois l’historiographie et plus sûrement l’imaginaire collectif. Pour mettre fin à cet étrange immobilisme intellectuel, Didier Lett offre ici une remarquable synthèse des découvertes qui balaient les affirmations de celui qui se surnommait, à juste titre donc, «historien du dimanche».

Le «modèle parfait» est un garçon

La plongée dans les archives de l’Europe, en particulier du Sud, domaine de prédilection de l’auteur, et la relecture pertinente de l’iconographie restitue