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Essai

«Parler avec sa mère», à vos risques et paroles

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Le cahier Livres de Libédossier
De la simple gêne à une irritation incontrôlable, du rire à l’exaspération… Maxime Rovere dissèque la périlleuse relation mère-enfant dans un essai non dénué d’humour.
Simone de Beauvoir, sa sœur Hélène (surnommée Poupette) et leur mère Françoise, en 1912. (Tallandier/Bridgeman Images)
publié le 13 février 2025 à 5h41

Le terme «irritation» revient à plusieurs reprises sous la plume de Maxime Rovere, philosophe de formation, dans l’essai qu’il consacre à une figure que personne n’a mieux comprise, peinte, expliquée, que le psychanalyste Donald Winnicott (1896-1971) : la mère. La mère irrite l’enfant devenu adulte parce que, après avoir été très proches pendant neuf mois, l’un et l’autre veulent tour à tour se distinguer ou s’absorber. Simone de Beauvoir emploie un synonyme du mot «irritation» dans un passage d’Une mort très douce (1964) cité par Maxime Rovere : «Je la faisais parler, je l’écoutais, je commentais. Mais parce qu’elle était ma mère, ses phrases déplaisantes me déplaisaient plus que si elles étaient sorties d’une autre bouche. Et j’étais aussi crispée qu’à vingt ans quand elle essayait – avec son ordinaire maladresse – de faire de l’intimité : “Je sais que tu ne me trouves pas intelligente. Mais en tout cas, c’est de moi que tu tiens ta vitalité, ça me fait plaisir.” Sur ce dernier point, j’aurais de grand cœur abondé dans son sens, mais le début de sa phrase coupait mon élan.» Qui n’a pas boudé son plaisir face à sa mère