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Histoire

«Pas sérieux s’abstenir», les dessous chiqués des rencontres arrangées

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Claire-Lise Gaillard retrace l’histoire de l’amour sur rendez-vous, des agences matrimoniales aux petites annonces, et analyse comme elles ont pu être des instruments de l’inégalité entre les sexes.
Une publicité pour l'agence matrimoniale d'Aurore de Liménay, au début du XXe siècle. (Collection Dupondt/AKG Images)
publié le 21 août 2024 à 17h00

Longtemps plus de raison que d’inclination, le mariage mobilisait d’autres acteurs que les intéressés : parentèle, voisinage, entremetteur discret ou «marieuse» bien connue, rumeur villageoise participaient à la stratégie matrimoniale, voire aux négociations autour de la dot de la future mariée. Au cours du XIXe siècle, migrations et urbanisation malmènent cette configuration. Le marché de la rencontre – né discrètement en 1791 avec le Courrier de l’hymen – profite, aussitôt, de l’anonymisation des individus, devenant, selon les contemporains un «rouage important de la société». En 1886, Paris compte une centaine d’agences matrimoniales, ouvrant parfois des succursales en province, recrutant même leur clientèle au-delà des frontières. Efficacité et discrétion sont attendues, or si la première promesse permet d’entrevoir l’heureuse conclusion de la quête grâce aux remerciements adressés à l’intermédiaire, la seconde fait obstacle à la connaissance historique.

Façade honorable

Claire-Lise Gaillard a mené une remarquable enquête pour débusquer la moindre trace laissée par ces secrets de famille bien gardés dans les rares fonds des agences, mais aussi dans les archives judiciaires. Les requérants se plaignent, les uns du manque de sérieux commercial, les autres d’avoir été trompés sur la marchandise, puisqu’il s’agit