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Littérature

«Pathemata» de Maggie Nelson, haute en douleur

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L’écrivaine américaine ouvre la bouche et montre ce qui blesse.

(Frieder Dino/Plainpicture)
Publié aujourd'hui à 14h56

La langue d’un écrivain. A chacun, chacune, la sienne. Ses phrases, son vocabulaire, sa petite musique particulière et reconnaissable, sa force et sa faiblesse. Une langue, écrit Maggie Nelson, «ne peut pas être taillée» ; elle est «puissante et sanguinolente», même quand on la voudrait «plus fine et plus élégante». Le fait est que la poétesse, essayiste et critique américaine née en 1973 a un problème de dimension avec la sienne, et ce depuis l’enfance, au point qu’un orthodontiste avait alors tenté d’y remédier «en collant une pointe de métal à l’arrière de [s]es dents de devant». A l’âge adulte, autre tentative : un étrange praticien lui conseille, pour soulager ses souffrances, de se scotcher la bouche avant de dormir et d’envisager les choses différemment. «Si possible, ne vous dites pas : Votre langue est trop grosse pour votre bouche, mais plutôt : Votre palais est trop étroit pour votre langue». Comment, en d’autres termes, tenir sa langue et la faire rentrer dans un édifice limité de quelque 80 pages ?

Curseur un cran plus loin

Une partie rouge (2017, tout juste disponible en poche), sur le meurtre de sa tante Jane, assassinée en 1969, à 23 ans ; les Argonautes (2018), sur sa propre famille queer (Maggie Nelson a deux enfants avec l’artiste pluridisciplinaire