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Entretien

Paul Lynch, écrivain : «Je pense que je suis un réaliste cosmique»

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Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre avec l’écrivain dublinois, lauréat du Booker Prize pour le «Chant du prophète», roman qui «simule une réalité dans laquelle l’Irlande devient autoritaire» et décrit la descente aux abîmes d’une femme de la classe moyenne.
Paul Lynch, à Paris le 6 janvier, dans les bureaux des éditions Albin Michel. (Henrike Stahl/Libération)
publié le 10 janvier 2025 à 14h37

Paul Lynch était de retour vendredi chez lui, à Dublin. Depuis un peu plus d’un an, il tourbillonne au loin, depuis que le Chant du prophète, son cinquième roman a remporté le Booker Prize. Il était le cinquième écrivain irlandais à recevoir le prestigieux prix britannique et, à 46 ans, sa vie a changé en quelque sorte, les entretiens et les prises de vues se sont succédé. Dans les rues dublinoises, on le reconnaît lui qui se pensait jusque-là dévolu à écrire dans l’ombre. Lundi à Paris, il avait enfilé un tee-shirt offert par son frère, un serpent rouge la tête tournée vers la lune. «Gojira, du heavy metal français.» C’est à Dublin, un soir pluvieux, que deux membres de la police secrète se sont présentés à la porte de la famille Stack. Comme si le diable avait toqué. Larry, le père, leader d’un syndicat d’enseignants qui prépare une manifestation, va bientôt être arrêté et disparaître. Sa femme Eilish, éperdue, n’imagine pas que dans un Etat de droit, on ne puisse pas se défendre, s’exprimer librement, retrouver son mari. Le roman a enclenché une subtile mécanique de descente aux abîmes. Cette femme de la classe moyenne, microbiologiste, va se débattre désespérément avec et pour ses quatre enfants devant le cauchemar totalitaire qui l’enserre. Ce n’est pas le parti fasciste au pouvoir le sujet, même s’il renvoie le lecteur aux guerres actuelles, à la montée de l’extrême droite en Europe et aux souffrances vécues par ceux qui prennent le risque de partir. Eili