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Paul Morand, la diplomatie du pire

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Dans le deuxième volume de son «Journal de guerre», couvrant les années 1943 à 1945, l’écrivain et homme d’Etat en poste puis exilé en Suisse ne renie rien de son antisémitisme et, face au délitement du régime de Vichy, consacre une grande partie de ses écrits à la justification de sa fidélité au maréchal Pétain.
Paul Morand à Berne, en décembre 1944. (Keystone. Bridgeman Images)
publié le 27 décembre 2023 à 16h34

La littérature de Paul Morand (1888-1976), sèche et vive à son meilleur, parfois artificielle et datée, aurait dû gentiment sombrer dans l’immortalité. C’était compter sans la diablerie de l’auteur. Puisqu’il avait la manie de prendre des notes, et de les conserver, pourquoi ne pas en faire profiter les commentateurs futurs ? Morand visait l’an 2000, au-delà de quoi on aurait accès à des milliers de pages inédites. Ainsi le second volume du Journal de guerre, couvrant les années 1943-1945, paraît-il aujourd’hui, trois ans après le premier. Les trois tomes de la Correspondance avec Jacques Chardonne (1949-1968) ont paru en 2013. Dort encore à la BNF la partie du journal qui court de 1945 à 1950.

Journal inutile a ouvert le ban en 2001. En 1968, Chardonne n’étant plus là comme destinataire de ses réflexions au jour le jour, Morand a repris son activité de diariste avec une franchise, une volonté de ne rien cacher qui va surprendre, voire en dégoûter plus d’un. Dans la conclusion de sa biographie (Gallimard, 2020), Pauline Dreyfus écrit : «Ces publications posthumes eurent de lourdes conséquences sur les ve