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«Paul prend la forme d’une fille mortelle» d’Andrea Lawlor : le cru et le queer

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Le protagoniste de «Paul prend la forme d’une fille mortelle» est un polysexuel, qui a le pouvoir de se transformer à volonté.

«Ce soir-là, par exemple, Paul voulait savoir comment c’était, pour les filles, de s’envoyer en l’air». (Manit Sriwanichpoom/Courtesy Adler Subhashok Gallery. VU)
Publié le 29/08/2025 à 14h50

C’est un sujet de discorde vieux comme Héra : qui, de l’homme ou de la femme, jouit le plus pendant l’acte sexuel ? Tirésias, ayant connu l’expérience des deux sexes, avait son avis sur la question (cf. les Métamorphoses d’Ovide, où le devin évoque un rapport de neuf contre un en faveur de la gent féminine), mais quelle est l’opinion de Paul ? Curieux de nature, notre protagoniste entend en avoir le cœur net. «Ce soir-là, par exemple, Paul voulait savoir comment c’était, pour les filles, de s’envoyer en l’air» et pas de temps à perdre : c’est seulement la troisième phrase. Pour bien faire, Paul parcourt son appartement à la recherche d’une tenue. Son pantalon en vinyle ? Son petit haut à sequins ? Tout est possible, et plus encore. «Il se débarrassa de son baggy militaire en tissu épais et de son boxer volé à l’étalage, et regarda fixement son pénis jusqu’à ce qu’il rétrécisse, qu’il se rétracte dans le petit vide des testicules disparus.» Pour son torse, même principe : «Il baissa le regard sur sa poitrine maigrichonne jusqu’à ce qu’elle s’arrondisse, grandisse, remplisse docilement les bonnets.» Paul s’observe dans le miroir. «Il était Allen Ginsberg et Barbra Streisand et Kim Gordon tout à la fois.»

«Des lèvres qu’on mord»

Paul, étudiant sans fric mais chic, la vingtaine wild et cool, a le pouvoir de se transformer en ce qu’il veut. Et ce qu’il veut, en l’occurrence, c’est prendre son pied de toutes les façons possibles et sans entrave. Pour être un tantinet plus graph