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Lundi poésie

Pauline Picot, marmite et tragédies

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Poésiedossier
Dans «Permettez-moi de palpiter», la poète et performeuse entend «dire le monde qui passe à travers [son] corps».
Pauline Picot. lundi poésie 09 semptembre 2024 (Photomontage Libération. Pierre-Louis Picot)
publié le 9 septembre 2024 à 17h07

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Grâce à «l’effet phi», mécanisme oculaire sur lequel on ne va pas s’étendre, les flip-books ou folioscopes donnent l’illusion du mouvement aux possesseurs de pouces non arthrosés. Ici pas de chat qui poursuit une souris ou de dragon cracheur de feu, mais une femme en justaucorps qui grandit, grandit, jusqu’à devenir un ciel étoilé. C’est la poète elle-même, Pauline Picot, représentée dans une position un peu contorsionnée, tête tournée vers les hauteurs et qui page 52 confie une recette existentielle : «Hurlez à la mort /Arrachez vos cheveux /Frappez votre poitrine /Creusez vers l’autre bout /De la terre éventrée /Attrapez dans le trou /La main du hasard /Qui fait que vous vivez». Permettez-moi de palpiter rassemble 50 fragments autobiographiques. L’autrice est performeuse, écrit pour le théâtre et ces poèmes sont des textes à dire. Ils sont inscrits dans le quotidien, vont vite, et font naître des émotions comme si on enregistrait des scènes depuis un véhicule en mouvement. La lectrice ou le lecteur est prié de donner de sa personne : «Attention /C’est ici que ma solitude se déverse /C’est ici que la marmite se renverse /Sur vous». On retrouve plus loin une marmite et toujours autant d’autodérision. Il est aussi question de candeur, de «cœur en morceaux», de la «sensation du touch