Trônant au sommet de Kelvingrove Park, l’élégant espace vert de 34 hectares au cœur de Glasgow, Park Circus est constitué de deux rues courbées comme deux croissants de lune. L’enfilade de townhouses victoriennes, aux hautes fenêtres et portes en acajou munies de vitraux, domine un jardin ovale parfaitement entretenu. C’est ici, au numéro 18, que résident trois des protagonistes principaux de Pauvres Créatures, roman de l’écrivain écossais Alasdair Gray paru en 1992. «A l’époque à laquelle se déroule le livre, la fin du XIXe siècle, vivre ici conférait un certain statut aux membres de l’élite dont est issu le personnage de Godwin Baxter, note sous son crâne rasé Rodge Glass, auteur et biographe de Gray. Il est le fils d’un grand chirurgien, représentant d’une ville à la pointe du progrès scientifique. Il reste peu de quartiers de Glasgow avec autant d’histoire. Maints bâtiments ont été détruits. Dans l’ensemble de son œuvre, Alasdair s’est échiné à documenter Glasgow en tant que ville qui disparaît peu à peu.» Dans Pauvres Créatures, le film, réalisé par le cinéaste grec Yorgos Lanthimos et nommé dans onze catégories aux Oscars, Glasgow disparaît totalement. Baxter et sa protégée, Bella, créature fabriquée à partir du corps d’une suicidée et de
Roman
«Pauvres Créatures» d’Alasdair Gray, made in Glasgow
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Alasdair Gray, devant un de ses tableaux à Glasgow en 1983. (Alan Wylie/Alamy Stock Photo)
par Thomas Andrei
publié le 7 mars 2024 à 15h01
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