Le narrateur a échappé à la mort de près. Un accident cardiaque, alors qu’il se trouvait dans le chalet de son enfance. A l’hôpital, l’administration de chocs électriques dans le cœur est un supplice, il s’accroche à la main d’une doctoresse qui ressemble à Jeanne d’Arc. Mais dans la chambre où il est conduit et où stationnent deux autres rescapés, l’ambiance n’est pas mortifère. Les trois messieurs parlent dès qu’ils le peuvent de nourriture. L’un d’eux tient une auberge dans les faubourgs de la ville et le trio convient de s’y retrouver pour célébrer leur sortie. «Le tableau à soi seul était cocasse : moi, le Gros et l’homme au visage jaune attablés devant une bouteille de vin. Alors qu’aucun de nous n’aurait été capable de se lever sans l’aide d’un tiers. Nous nous sommes conduits comme des enfants : Garçon, un chocolat chaud, s’il vous plaît ! Un cognac, et que ça saute ! Auriez-vous un petit blanc sec. La bedaine du Gros s’agitait comme un soufflet d’accordéon. L’homme au visage jaune avait un petit rire aigrelet de vieille commère. Et, moi, je me suis entendu rire d’un bon rire candide d’enfant, comme autrefois».
Né en 1961 en Autriche, Wolfgang Hermann est un auteur prolifique. Romancier, il écrit aussi de la poésie et pour le théâtre. Paysage de fuite, qui vient de sortir, est son troisième livre traduit en français, il est paru en 2000 dans son pays, soit avant