Menu
Libération
Comment ça s'écrit

Philipp Weiss au fil des «moi»

Article réservé aux abonnés
Comment ça s'écrit ?dossier
Abra a une sœur jumelle qui s’appelle Cadabra. Son bras est une prothèse mécanique qui la fait souffrir. (YakobchukOlena/Getty Images/iStockphoto)
publié le 4 septembre 2021 à 3h16

«Moi» : c’est un sujet qui intéresse toujours, encore convient-il de bien le définir. Le Grand Rire des hommes assis au bord du monde, premier roman de Philipp Weiss, né à Vienne en 1982, a en partie cette ambition. Il est divisé en cinq volumes, à la fois indépendants et interdépendants, et chacun pourvu d’un auteur fictif différent. Encyclopédies d’un Moi, de Paulette Blanchard, est le texte originel. La narratrice est une bourgeoise française dont l’amour et la Commune, Madame Bovary et les Misérables, ouvrent le champ de vision sentimental, social et politique. «Vous avez beaucoup souffert. Votre souffrance m’écœure, Maman», écrit-elle dans son journal. Un krach lui fait comprendre «la faillite de la raison» et comme elle est «débitrice de la stupidité». Ecrire est «sa manière de crier sans faire de bruit» et «l’étouffement» ce à quoi elle veut échapper. Son féminisme particulier l’entraîne au Japon, puisque la vie qu’elle mène a cessé de lui apparaître «naturelle» : «heureux sont ceux qui ne sont jamais tombés au bord du monde…».

Ouïe retrouvée

Jona Jonas, l’auteur de Terrain vague, est à la recherche, dans le monde contemporain, de son amoureuse Chantal Blanchard, descendante de Paulette, et sa quête le mène au Japon. Il est un artiste androgyne et elle lui manque, mais tout lui manque, les sons parce qu’il est soudain frappé de surdité, puis il retrouve l’ouïe. «A l’instant même, le silence me manq