L’automne 1936, Frank Meier fêtait la sortie de son livre, the Artistry of Mixing Drinks. Le barman du Ritz (il a existé) avait consigné ses recettes sur les conseils de Scott Fitzgerald. Ce soir-là, Frank s’en souvient, Arletty attendait son Manhattan : «Dis-moi, mon chéri, il arrive en ferry mon cocktail ?» Automne 1940. Parmi les uniformes allemands sont à nouveau réunis Arletty, Serge Lifar, Cocteau, Sacha Guitry. Frank Meier a fait revenir les chics clients d’hier, à la demande de la patronne, Marie-Louise Ritz, veuve du fondateur. Ainsi va la vie place Vendôme. «Tandis que Paris s’enfonce dans le froid et la faim, le bar tourne à plein régime.» Il y a les officiers cultivés, comme Hans Speidel, et le charismatique Jünger. On a vu Göring. Début août 1944, dans le bar désert, Guitry demande un Americano, «c’est de saison». Le Ritz reste ouvert, les lecteurs guettent Hemingway. Le Ritz : ça, c’est un palace. Avec la période de l’Occupation, nous tenons deux ingrédients pour le cocktail proposé par le Barman du Ritz, premier roman de Philippe Collin, homme de radio né en 1975 qu’on entend sur France Inter depuis longtemps. Il produit en ce moment des séries biographiques consacrées à Pétain, Blum, Poutine, Molière, Céline, Beauvoir. Il est aussi scénariste de bandes dessinées historiques.
Quel est le secret du barman ?
Nul ne le sait. Frank Meier est juif. Son grand-père maternel était rabbin. Mais son père, un ouvrier polonais exilé en Autriche, avait décidé que «pl