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Contre-enquête

Philippe Jaenada : «Dans mes livres, je ne veux pas passer pour un cinglé mystique»

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Le cahier Livres de Libédossier
«Au printemps des monstres» revient sur l’affaire Luc Taron, un enfant retrouvé assassiné en 1964. Entre un verre au bistrot et une séance de dédicaces, l’écrivain raconte à «Libé» les difficultés qu’il a rencontrées pour l’écrire et tacle gentiment les jurys des prix littéraires.
Philippe Jaenada, le 21 octobre au bistrot Lafayette, dans le Xe arrondissement de Paris. (Roberto Frankenberg/Libération)
publié le 5 novembre 2021 à 17h30

«J’ai la crève, je n’ai aucune empathie», prévient Philippe Jaenada, attablé dans la petite librairie de son quartier du Xe arrondissement parisien, la Litote, qui organise ce soir-là une séance de dédicaces. Après deux mois de promo partout en France pour la sortie d’Au printemps des monstres, l’écrivain est un peu las, et il a un rhume. Un peu groggy, faussement grognon – à côté de lui, une bouteille de Perrier : «C’est quoi ça ? Ça ne va pas me soigner. Il n’y a pas autre chose ?» –, il accueille les lecteurs qui défilent avec leur exemplaire. Des voisins, des policiers du commissariat tout proche, sa femme, son fils, deux Bretonnes exténuées qui ont fait le trajet exprès, une grand-mère, des couples – «Je fais la dédicace pour vous deux, vous n’allez pas vous séparer tout de suite ?»

Il est beaucoup question de poids, pas le sien, mais celui du livre. «860 grammes», assène-t-il fièrement. Et 752 pages pour le récit d’un fait divers qui, selon l’expression consacrée, défraya la chronique dans les années 60. Lucien Léger, le condamné de cette histoire, obtint le titre peu enviable de plus vieux prisonnier de France, avec quarante et un ans derrière les barreaux. Son nom dans les médias de l’époque, «l’Etrangleur». Son crime, le meurtre d’un petit garçon, Luc Taron, en mai 1964, pour