Philippe Le Guillou, dans Brest, de brume et de feu, commence par nous faire découvrir la cité reconstruite en mettant ses pas dans ceux de ses grands-parents. Côté maternel, Gabriel, né en 1902, est un enfant de la campagne, brillant, aimé de ses maîtres, qui s’engage dans la marine. Il a 15 ans. A Brest, personne ne vient le tourmenter avec son absence de père : c’est un fils naturel élevé par sa grand-mère, un garçon rêveur, silencieux. On tait dans la famille cette tache des origines, et quand le petit-fils devenu romancier en parle dans le Passage de l’Aulne, en 1993, l’épouse de Gabriel en est mécontente.
Côté paternel, on s’installe à Brest en 1936, en provenance de la Loire-inférieure. Jean est gendarme maritime. Marie, sa femme, n’est certes pas dépensière, mais elle aime la faïence (le quimper) et les gravures signées Pierre Péron. Elle aime la rue de Siam. La ville lui plaît. «C’est une triade où se concentre toute la beauté mystérieuse de Brest et elle se redit ces mots : le vent, la lumière, les marins en uniforme…» Le mot «mystère» ou «mystérieux» revient souvent sous la plume de Le Guillou. C’est, avec «secret», son préféré.
«L’ardeur dévastatrice des urbanistes»
La guerre va évidemment bouleverser la vie des deux couples. Les familles se replient au Faou, elles font connaissance en 1957, l’écrivain naissant en 1959. Brest est «la ville la plus bombardée de France» et les Allemands complètent par des incendies le pilonnage allié. Jean le conteur transm