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Réhabilitation

Philosophie : les femmes enfin en pleines Lumières

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Le cahier Livres de Libédossier
Le recueil de Laurence Devillairs et Laurence Hansen-Løve, «Ce que la philosophie doit aux femmes », répertorie les pierres apportées par les femmes à l’édifice philosophal pendant les siècles où elles ont été invisibilisées.
Simone de Beauvoir, Hannah Arendt, Judith Butler, Annabelle Bonnet, Kimberlé Williams Crenshaw, Catharine MacKinnon, Sara Ahmed, Camille Froidevaux-Metterie et Françoise d’Eaubonne. (Marion Kalter. Louise Quignon. Romy Alizée. Marie Rouge. Jean-Luc Guérin/Opale. Roger Viollet. DR. Libération)
publié le 25 septembre 2024 à 16h56

Que de chantiers de fouille il a fallu ouvrir ! Mais à présent le travail est bien avancé : des archéologues avisé(e)s ont repéré les lieux et daté les faits, mis au jour les figures, les œuvres, les témoignages, exhumé ce qui avait été enseveli, rendu audible et visible ce que, sciemment ou structurellement, des volontés politiques, des procédés idéologiques, des stratégies culturelles, des régimes de pensée orientés par les hommes, avaient voulu taire, déprécier, écarter. Il n’y a plus à se demander dorénavant s’il y a eu, partout, à toute époque, des femmes philosophes. Le fait est là – aussi patent qu’est sournoise la violence par laquelle tout au long de l’histoire on a voulu le nier. Certes, il faut remonter à 1678 pour voir une femme, Elena Lucrezia Cornaro Piscopia, obtenir pour la première fois en Europe, à Padoue, un doctorat de philosophie (qu’en France Alice Steriad Voinescu et Léontine Zanta obtiennent en 1913-14) et attendre les années 50 du XXe siècle pour entendre des femmes philosophes enseigner en chaire : Geneviève Rodis-Lewis à Rennes, Rose-Marie Bastide à Aix-Marseille ou Suzanne Bachelard à Lille. Avant 2003 (!), aucune femme ne figurait au programme de philosophie des lycées (aujourd’hui, à