Il y a Susan Sontag à l’horizontale allongée mains derrière la tête, la jeune Fran Lebowitz au réveil ou l’égérie de la Factory Candy Darling sur son lit de morte. Mais Peter Hujar (1934-1987), faiseur d’images de l’underground new-yorkais des années 70 et 80, photographia aussi et avec la même intensité des inconnus, de ces comètes qui passèrent dans son studio avant de s’en retourner dans la foule de l’époque, toujours saisies en noir et blanc, parfois nues. Ainsi de ce mémorable garçon contorsionné sur une chaise, torse vers l’avant et regard vers l’objectif, un orteil ramené à la bouche – entre le fétichisme le plus frontal et l’enfance retenue (car enfin que suce-t-il, ce quidam, sinon, d’une certaine manière, son pouce ?).
Cette photo, le narrateur la découvre en premier lieu chez son amant Thibaut, au-dessus du lit de ce dernier. Elle l’alpague, l’interroge. «Je me demande à quel point cette pose était préméditée. S’il suivait des directives ou s’il était libre de se mouvoir comme il l’entendait. Je me