On songe à la maison bleue de San Francisco, chantée par Maxime Le Forestier en 1970, cette maison où «on ne frappe pas / Ceux qui vivent là, ont jeté la clé». Pierre Adrian était loin d’être né alors, mais sa «grande maison», toujours au superlatif, semble ouverte à tous vents, du moins au mois d’août, c’est une maison de vacances, et personne ne s’étonne d’une arrivée. La famille se retrouve là tous les étés, autour de la grand-mère, presque centenaire, diaphane, absente, «la vie était un spectacle qu’elle regardait de loin, sans en retenir les personnages». Le narrateur, qui avait fui le rendez-vous estival depuis des années, revient quelques jours jusqu’après le 15 août autour de l’aïeule à canne, de l’oncle François roi du penty et de la réparation de vélos, de la ribambelle de neveux, «pour eux je n’étais plus un cousin, j’étais devenu un oncle».
Ce séjour dans le Finistère a tout du cliché, on peut jurer que tout est vrai, l’arrivée à Brest «avec sa rade et les grues au loin. Un bâtiment militaire mouillait», le car des abers qui dessert des «bourgs en ardoises», jusqu’à la grande maison en granit avec ses volets blancs,