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Entretien

Pierre Michon : «Toute la littérature occidentale est dans Homère»

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Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre avec l’écrivain chez lui dans la Creuse pour «J’écris l’Iliade», un livre épique et érotique qui mêle les personnages de l’auteur grec et lui-même à tous les âges.
Pierre Michon dans sa maison des Cards, dans la Creuse, en septembre 2016. (Francis Azevedo/Hans Lucas)
publié le 14 février 2025 à 14h11

C’est un peu pénétrer dans le pavillon de Croisset chez Flaubert, Pierre Michon a laissé temporairement son chez-lui des Cards pour vivre depuis deux ans environ dans une dépendance attenante à une maison de maître. On est loin des bords de Seine, c’est ici la Creuse et son joli paysage sinueux, où l’écrivain est né. «Regarde la télé ce soir, la Grande librairie, a-t-on entendu à La Souterraine, la gare la plus proche. Michon, c’est un gars du pays, notre héros.» Le héros n’a pas désarmé à la différence d’Achille qui se retire de la guerre de Troie, offensé par Agamemnon. Des piles de livres l’épaulent, et de tout. Roman, polar, astrophysique, philosophie antique, ce grand lecteur en a dix en cours. «C’est ma forteresse», s’amuse-t-il, car de l’humour comme de l’autodérision, il pourrait en vendre. Pourtant, dans J’écris l’Iliade, pris d’une sorte de coup de sang, on le voit vider ses étagères, charrier les centaines d’ouvrages entassés chez lui du grenier à la cave, pour en faire un feu de joie dehors. «Les Cards n’étaient qu’une bibliothèque, où je rongeais mes pattes comme un rat», écrit-il. Pierre Michon a un côté irrévérencieux, ou plutôt, joueur. «C’est comme faire des boulettes de buvard à l’école et les projeter sur le mur», dit ce fils d’institutrice. Connu pour sa langue, sa phrase ciselée, ce diamantaire creusois est deven