On soupçonne Hélène Cixous de travailler à ce que ses commentateurs puissent faire les malins – ou passent pour des crétins, c’est tout un. Nul récit à raconter, rien à résumer, tant ses livres semblent toujours tombés de la planète Cixous, moins blocs d’abyme que blocs de corail hyperboliques, en dimension H comme Hélène, puissance n. Difficulté de démêler, aussi, ses écheveaux de songes, citations, commentaires, carnets, tous tissés serré : «Toute ma vie est au présent, ma mémoire est une armoire immense pleine de morts et d’éternités de mon vivant, nous sommes naturellement anachroniques et tout aura toujours été écrit dans le présent de mes cahiers.» La fiction est une expérience, pas une fenêtre, à la limite un virus qu’il faut accepter d’attraper pour qu’il trafique l’ADN de nos représentations. Hélène Cixous, qui se décrit «folle de langue», pourrait ouvrir une école : on y apprendrait un verbe «augmenté», c’est-à-dire une réalité à réinventer. On verrait par exemple que «les morts, qui ne sont rien sans nous, sont nos maîtres» et l’on prendrait des petits-déjeuners quand «demain en or ruisselle sur toute la scène» (en revenant du mont Moriah, bien sûr, où Abraham réussit haut la main son permis d’obéissance).
Moments de «frôle-la-mort»
Mdeilmm est sous-titré «Parole de taupe». Myopie et promesse à la fois ? Ecriture à tâtons et avenir en perfusion ? Le livre, comme toujours chez Cixous, prétend avancer sans son autrice, à coups de facteurs, lettres appo