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Librairie éphémère

«Plexiglas» d’Antoine Philias lu par Antoine Grivel, étudiant

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Le cahier Livres de Libédossier
Chaque semaine une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Aujourd’hui, une galerie commerciale et ses déclassé.
Dans un supermarché de la Somme, en juillet. (Serge Picard/VU)
par Antoine Grivel étudiant
publié le 27 janvier 2024 à 17h26

Plexiglas s’ouvre sur une carte de la ZAC de Cholet. Antoine Philias a du panache et annonce clairement de quoi on va parler. Du réel le plus concret, de notre réalité matérielle et urbanistique, de ces territoires gentiment snobés par la littérature bourgeoise et parisienne qui n’a jamais mis les pieds à Cholet, et encore moins dans une zone commerciale en périphérie d’une ville moyenne. Le roman commence par la description d’un centre commercial Carrefour. L’auteur ne nous épargne rien, ni les enseignes, ni les marques, ni cette impression désagréable de parenthèse irréelle mais pas spécialement enchantée qui vous saisit quand vous entrez dans une galerie marchande. Ces mondes clos sont à la fois coupés du monde et les artefacts les plus représentatifs de notre société capitalo-consumériste.

Cette galerie commerciale est le vrai personnage principal. C’est là qu’Elliot, choletais expatrié à Rennes le temps d’études de sociologie abandonnées, atterrit le 31 décembre 2019 avant de retourner dans son pied-à-terre familial. Il y rencontre au PMU Lulu, personnage sublime, caissière cinquantenaire qui pourrait être sa mère, et ils vont se lier d’amitié. L’auteur raconte la vie des déclassés, des petites mains du capitalisme, du prolétariat de la modernité libérale hypocritement vantés comme «essentiels» pendant l’épidém