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Jack O’Connell, auteur de romans noirs intrigants et inclassables, tels Porno Palace (1998) ou Et le verbe s’est fait chair (2000) est mort le 1er janvier, à 65 ans. Son éditeur historique chez Rivages, François Guérif, comptait justement le rééditer prochainement dans ses «Iconiques», histoire de remettre en lumière cet écrivain remarquable mais trop ignoré.
Dès son premier livre, B.P.9, publié en 1992, O’Connell bâtissait une ville fictive, Quinsigamond, inspirée de sa propre cité, Worcester dans le Massachussetts. Il pouvait ainsi y regrouper tous les péchés du monde, toutes les perversions possibles, dans une sorte de labyrinthe postindustriel follement littéraire. B.P.9 tournait autour d’une drogue du langage. Et le verbe s’est fait chair travaillait sur la mémoire. Dans les limbes (2009) s’interrogeait sur le pouvoir de la fiction et le plaisir hypnotique de la lecture. Chaque livre de Jack O’Connell détournait les codes du polar, cherchant à définir la représentation du réel à travers diverses formes d’art.
Dès ses débuts, l’écrivain avait trouvé un soutien de taille en la personne de James Ellroy, qui le citait à tout bout de champ. Mais s’il faut retenir un livre de cet auteur palpitant, c’est le fantastique Porno Palace, paru en 1998. On y croise un cinéaste qui rêve de devenir le plus grand réalisateur de films noirs du monde, une jeune photographe devenue enquêtrice dans les sous-sols de la ville, et le propriétaire du fameux Porno Palace, seul maître à bord de ce cinéma délabré. Il y a dans cette fiction inattendue une fantaisie d’écriture, un soupçon de baroque, une multiplicité d’intrigues parallèles. Comme si Jorge Luis Borges avait rencontré David Lynch. Ces derniers mois, le romancier promettait de se remettre à écrire…