Si l’accession à l’Ecole polytechnique semble annoncer un avenir radieux, la réalité est, bien souvent, moins amène. Pour s’en convaincre, Hervé Joly a scruté la destinée des quelque 180 reçus, en 1901, sur l’Olympe de la Montagne-Sainte-Geneviève – lieu de son implantation avant son transfert à Palaiseau en 1976. Aucun nom connu ne se distingue, et pour cause : cette banalité même a guidé le choix de l’historien, soucieux de se pencher, hors destins exceptionnels, sur la banalité de l’excellence.
Premier paradoxe : les élèves de cette école militaire rechignent à embrasser la carrière des armes. Les premiers, accédant aux grands corps, Mines ou Ponts, fuient l’uniforme ; beaucoup, sinon, préfèrent le civil, quitte à démissionner. L’armée – le génie et l’artillerie – accueille donc les X plutôt mal classés, qui bénéficient cependant de la sollicitude de la hiérarchie. Cette bienveillance leur offre donc un cursus honorum solide, mais sans éclat.
Second paradoxe : les élèves de cette école scientifique deviennent rarement des chercheurs. L’institution, au vrai, ne les aide guère : elle ne dispose alors pas de laboratoires et la formation dispensée frappe par son indigence. Les professeurs restent longtemps en poste, les enseignements pratiques n’existent pas, et la direction semble plus obsédée par les notes et le classement que par les apprentissages. Les élèves deviennent ingénieurs ou cadres supérieurs, dans les mines, les chemins de fer ou la sidérurgie sans pour aut