Bienvenue au «Lotissement», banlieue de poche du «Village», accueillant une dizaine de familles ouvrières, essentiellement maghrébines. «Les maisons ne comptaient que deux chambres, une pour les parents, une pour les enfants quel que fût leur nombre. Autour, il y avait des prés à perte de vue, des vergers prolifiques et du bétail béat, des fermes mafflues et antiques, tout ce par quoi les ouvriers ne se sentaient pas concernés.» Au Village, un peu plus haut, on s’accommode de cette espèce de périphérie rapidement bricolée pour les ouvriers de la petite usine de textile d’à-côté. «Le Lotissement, à leurs yeux, était un quartier teinté Maghreb concentrant des familles qu’il était plus ou moins difficile de différencier.» Il y a là Smaïl, Hassan, Moncef, Lalla, Fadma, Montserrat… et leurs enfants, Bassou, Jihane, Farouk, Olfa, Toufik… Ils sont algériens, kabyles ou non, ils sont tunisiens ; ils forment une communauté parallèle, comme un microclimat mitoyen, un décalage doux-amer. La vie de l’usine, les naissances, les conflits de voisinage, les fêtes ou la cuisine, les bêtises et les jeux d’enfants, autour du lama chez le jeune agriculteur du coin ou d’une épave de voiture, donnent le rythme ; les années défilent doucement au Lotissement, ce petit bout de France joliment bancal.
Avec le Village, il y a bien sûr des échanges, des courants d’air vivifiants, comme cette «gamine du Lotissement qui prouvait que tous n’y étaient pas destinés à finir crapule ou perdant