Cet article est tiré du Libé spécial auteur·es jeunesse. Pour la cinquième année, Libération se met aux couleurs et textes de la jeunesse pour le Salon du livre de Montreuil qui ouvre ses portes le 29 novembre. Retrouvez tous les articles ici.
Ces jours-ci, tout en écrivant avec ma fille Constance un roman pour la jeunesse dont les héros sont de jeunes bohèmes, romanciers, poètes, peintres, musiciens, dans la France romantique du XIXe siècle, je réfléchis à ce choix que j’ai fait d’être, cent-cinquante ans après eux, un écrivain, alors que, comme me l’avait dit ma belle-maman : «Avec vos bons diplômes, vous pourriez avoir un métier.»
Je repense à cette petite fille, lors d’une rencontre avec une classe de CE2, qui m’avait dit qu’elle voulait faire «écrivain célèbre» plus tard. J’ai dû lui répondre que, dans l’ensemble, ce n’est pas vendu comme ça. Je n’ai pas toujours su comment me positionner face à des jeunes gens qui veulent être artistes. Etait-ce ma place d’encourager chez eux ce désir ? C’est une grosse responsabilité quand on connaît la précarité, l’angoisse, le risque de la fracture psychique que les métiers artistiques impliquent. Je suis entourée de gens qui ont fait ou qui font ce pari. Selon les cas de figure, ils multiplient les boulots qu’on dit alimentaires (comme s’ils ne l’étaient pas tous), deviennent