Affronter une institution parisienne quand on est stagiaire, c’est déjà une épreuve. Affronter un monstre sacré, et même deux, c’est encore plus délicat. Accueillie à 20 ans, à la fin des années 90, dans un nouvel institut qui recueille des fonds littéraires, la protagoniste d’Aucun respect y revient quelque temps plus tard, au terme de ses études, afin de s’occuper des archives d’Alain Robbe-Grillet. Organiser une exposition, établir une chronologie : il faut pour cela se rendre en Normandie, dans le château du maître – et de la maîtresse, puisque Catherine Robbe-Grillet, dominatrice de performances sadomasochistes, joue un rôle de premier plan dans cette histoire. La relation avec l’écrivain et sa femme est décrite avec une drôlerie assortie d’affection. On n’aura garde de confondre l’autrice avec le personnage qui endosse sa trajectoire, puisque le roman est écrit à la troisième personne, mais cette mise à distance ne fait qu’accroître l’intimité chaleureuse qui émane de l’ensemble. Claire Devarrieux
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Sauf elle
C’était comme si tout le monde avait fait la fête sauf elle. On voulait l’emmener au Queen, une boîte de nuit des Champs-Elysées, la maquiller, la coiffer, lui faire fumer des joints, prendre des ecstas, lui mettre des cuissardes, des talons, des minijupes, des perruques, des porte-jarretelles, on voulait la faire boire, qu’elle danse sur des tables, dans des cages, qu’elle fasse la tournée des bars. Ça l’effrayait, elle avait tant besoin d’