Comme dans le premier roman de Marieke Lucas Rijneveld, Qui sème le vent (Buchet Chastel, 2020), il y a dans Mon bel animal des vaches, des chèvres et des lapins, une maladie qui menace les ruminants, quelque chose entre la souillure et le sacré, le monde des adultes et celui des enfants. Ce n’est pas cette fois une fillette endeuillée qui raconte, mais un vétérinaire amoureux, subjugué, dans la Hollande rurale, par une adolescente de quatorze ans, fille de fermier. C’est elle, son «bel animal», et accrochez-vous bien : «Je rampais insensiblement sous ta peau, à la manière de la grande douve du foie dans un bovin, une plus belle métaphore ne m’est pas venue : j’étais un parasite.» Tout entier à la première personne, le livre nous fait confidents et juges. Aucun retour à la ligne dans ce monologue. Les phrases s’y enroulent comme des serpents. Les références sont celles de l’objet du désir, elles infusent en pastilles pop : Kate Bush, Kurt Cobain, Stephen King, les Cranberries. Plus tard, le narrateur cite Proust. Nous, c’est à Nabokov qu’on pense, et à Steinbeck, et à combien une nouvelle voix majeure et singulière s’affirme ici. Elle vient des Pays-Bas. (T. St.)
ÉTÉ 2005
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Mon adorable, je te le dis d’emblée : en la haute et rétive saison, j’aurais dû, rénette à la main, t’éradiquer comme l’abcès d’un sabot, j’aurais dû nettoyer la fente entre tes onglons, en retirer le fumier et le