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Récompense

Prix Femina 2025 : Nathacha Appanah sacrée pour «la Nuit au cœur»

Nathacha Appanah est lauréate du prix Femina 2025, a annoncé le jury lors de la cérémonie organisée au Musée Carnavalet.

Nathacha Appanah, journaliste et romancière mauricienne, à Caen le 8 août 2021. (Adeline Keil/Libération)
Publié aujourd'hui à 13h36

Nathacha Appanah s’est vu décerner ce lundi 3 novembre le prix Femina 2025 pour son roman la Nuit au cœur (Gallimard), qui lie le destin de trois femmes prises dans la spirale des violences masculines. Dans cet ouvrage, l’autrice enquête sur le féminicide de Chahinez Daoud et le meurtre de sa cousine Emma. Le récit de ces violences fait affleurer des souvenirs douloureux, ceux de l’autrice.

Le prix récompense, depuis 1904, des œuvres jugées par un jury composé uniquement de femmes, dans l’espoir de faire contrepoids à un regard plutôt masculin porté sur l’actualité éditoriale. Il a cette année été remis au musée Carnavalet-Histoire de Paris à la veille des prix Goncourt et Renaudot et deux jours avant le Médicis.

Changements de jurées

Cette année, le jury rassemble l’autrice Nathalie Azoulai (Prix Médicis 2015), la biographe Evelyne Bloch-Dano, la romancière Isabelle Desesquelles, l’écrivaine Brigitte Giraud (Prix Goncourt 2022), l’animatrice et productrice de radio Paula Jacques, les journalistes et écrivaines Oriane Jeancourt Galignani et Christine Jordis, l’historienne Mona Ozouf, l’autrice franco-américaine Patricia Reznikov, la journaliste Josyane Savigneau et enfin l’écrivaine Julie Wolkenstein.

Au cours de l’année, le jury avait connu des changements parmi ses membres : deux jurées, l’écrivaine franco-rwandaise Scholastique Mukasonga et l’autrice Jeanne Benameur, avaient annoncé leur départ. Cette dernière avait notamment invoqué des raisons politiques, expliquant son refus de participer à un prix soutenu par Hachette, une maison d’édition rachetée en 2023 par Vincent Bolloré. Elle a toutefois précisé qu’aucune ingérence directe pour la sélection des lauréats n’était à déplorer.

Quatre autres œuvres

Parmi les autres finalistes figuraient plusieurs autres œuvres marquantes, comme celle de Laurent Mauvignier. Dans la Maison vide (Minuit), il revient sur la vie de ses aïeux, notamment sa grand-mère. Celle dont le visage est arraché sur les albums de famille lorsqu’une maison de famille est rouverte après avoir été vingt ans à l’abandon.

Dans Un mal irréparable, paru chez Mialet-Barrault, Lionel Duroy mène de son côté une enquête sensible sur les traces de ses parents, dont il découvre qu’ils ont fui la Roumanie communiste et ont connu la déportation.

Dans Le monde est fatigué (Finitude), Joseph Incardonan livre quant à lui le récit poignant d’une trajectoire de vie fracassée en racontant Eve, une femme devenue sirène professionnelle, dont le corps meurtri ravit chaque jour de nombreux badauds ébahis.

Pour finir, Jakuta Alikavazovic, avec Au grand jamais (Gallimard), livre un récit autobiographique autour de l’histoire de la mère de la narratrice, qui a fui sa Yougoslavie natale pour s’installer à Paris dans les années 70.