Les parieurs misaient sur la Chinoise Can Xue, née en 1953, finalement la Coréenne Han Kang, 53 ans, remporte le prix Nobel de littérature 2024, succédant au Norvégien Jon Fosse. La Corée n’avait encore jamais été récompensée à Stockholm. On aurait pu s’attendre à ce que le prix aille au vénérable poète Ko Un, ou au romancier Hwang Sok-yong, l’auteur du Vieux Jardin, mais Han Kang, très bien, c’est une bonne surprise. L’académie suédoise a salué une «prose intense et poétique qui se confronte aux traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine».
Il y a dans les romans de Han Kang, qui a fait ses débuts comme poète et nouvelliste, une propension à la rêverie – ou au cauchemar – que l’autrice arrime aux sensations physiques. Les images envahissent la conscience des personnages, sans que la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus concret perde ses droits. La Végétarienne, paru en 2007, traduit en 2015 au Serpent à plumes par Jeong Eun-jin et Jacques Batilliot (disponible au Livre de poche), est à ce jour son livre le plus connu