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Prostituée, le prix à payer

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Linda, ancienne travailleuse du sexe, raconte sa vie d’enfer sur les trottoirs de Paris. Un document brut, précis.
Photo d'illustration. (Valery Hache/AFP)
publié le 6 mai 2021 à 4h40

«On ne s’élève jamais en vendant son corps, au contraire, on descend toujours plus bas, parfois jusqu’aux ténèbres…» Linda, 77 ans, a passé la moitié d’un siècle à dévaler cette pente. Dans l’engrenage d’une violence quotidienne, sur le trottoir, dans des maisons closes, des palaces, des hôtels sans horizon ou dans son studio de la rue Saint-Denis, elle n’a jamais pu échapper à la prostitution. L’Ange de Pigalle (dont le coauteur est Jean Arcelin, coauteur des livres de Charlotte Valandrey.) décrit son existence par le menu, celle d’une femme dont la pratique quasi-quotidienne de l’amour tarifé a emprisonné la destinée. Un document brut, un style cru et minutieux, loin des clichés sur «les filles de Madame Claude» à la mythique indépendance, qui livre la vérité d’une «travailleuse du sexe» qui fut surtout l’esclave d’un milieu sans merci.

Mari par intermittence et mac à plein temps

Avec ses deux frères et sa sœur Renée, celle qui s’appelle encore Paulette grandit dans un village des Ardennes au sein d’une famille à la fois modeste et éduquée. A l’adolescence, au lendemain d’un chagrin d’amour, elle croise Gérard un soir de bal : quelque chose comme une entrée en enfer. Elle pensait se marier et vivre une autre vie. Elle quitte Givet à la frontière franco-belge et l’usine de soie où elle travaillait pour s’établir à Paris. Mais Gérard a d’autres plans. Enceinte de six mois, Paulette devient Linda et doit s’installer à Pigalle dans une petite piaule humide. Elle subit un avortement forcé et se met à la tâch