Yves Ravey aime que les choses soient claires. Barnett Trapp, le narrateur de Que du vent, dix-huitième roman de Ravey aux éditions de Minuit, commence sa confession – ou sa déposition – par des précisions d’ordre topographique. Perpendiculairement à la route qui passe devant chez lui, une allée mène à la propriété de Miko et Sally. A droite, «plein ouest», on voit la maison et les cabanons d’un autre couple, moins glamour celui-ci, Steve et Samantha. Au-delà, au sud, «on apercevait les nouvelles zones pavillonnaires encore en construction». Le nord se réduit à «une ligne de peupliers».
On ne quittera pas ces deux parcelles, ou juste le temps d’une partie de pêche à la mouche, de quelques allusions au Dusty’s Bar, d’un trajet en voiture. Barnett et sa femme, dont il est séparé, ont fait construire. Se dresse aussi un entrepôt où Barnett stocke les produits d’entretien bas de gamme qu’il destine au circuit du discount. Bientôt, Sally va lui dire que les histoires d’aménagement et de bâti ne l’intéressent pas, contrairement aux aventures entre les hommes et les femmes, mais n’anticipons pas. Les voisins d’en face ont jardin paysager et piscine au bord de laquelle Sally s’ennuie à longueur de journée, cependant que Miko gère à l’extérieur sa chaîne de blanchisseries. Il ne blanchit pas que les draps. Barnett