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Racisme et patriarcat : double plaie pour les femmes noires en France

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Marianne est aussi noire», une vingtaine de chercheurs mettent en lumière les luttes des femmes occultées, voire méprisées, à cause de leur couleur de peau.
Statue de Gerty Archimède née à Morne-à-l'Eau (1909-1980), femme politique, avocate, qui fut la première femme inscrite au barreau de la Guadeloupe en 1939. (Franck Guiziou/Hemis)
publié le 11 décembre 2024 à 22h16

Proclamer que «Marianne est aussi noire», c’est accuser la République française d’avoir introduit une inégalité entre les femmes blanches, majoritairement métropolitaines, et les femmes de couleur, au temps des colonies, et de l’avoir maintenue depuis. Qualifier d’occultées les luttes contre cette iniquité, c’est dénoncer la négation des combats de ces opprimées. Marianne est aussi noire. Luttes occultées pour l’égalité, paru aux Etats-Unis en 2018, démontre que cette «silenciation» est commune aux politiques, aux féministes de la deuxième vague – accusées d’avoir ignoré la Coordination des femmes noires –, mais aussi à la narration historique. Cette posture favoriserait la relégation du racisme colonial à un autrefois, à des préjugés dits dépassés, au risque de contribuer à la persistance d’un racisme, si ce n’est en droit du moins en fait, sous des formes parfois subtiles.

Alors que la panthéonisation de Joséphine Baker, préférée à celle de l’intellectuelle martiniquaise Paulette Nardal, veut, en 2021, consacrer aux yeux du monde l’antiracisme universaliste de la nation française, elle valorise, jusque dans le discours du président Macron, le stéréotype de la femme noire «mi-érotisée, mi-exotisée»