Les mélomanes fêtent ce mois-ci les 150 ans de la naissance de Maurice Ravel (1875-1937). Expo à la Philharmonie de Paris, concerts des nouveaux Apaches au Châtelet… A l’avalanche des hommages en l’honneur du compositeur s’ajoute un cadeau inattendu : quelque 200 inédits épistolaires publiés dans une nouvelle édition de ses Correspondance. Ecrits et Entretiens. Patiemment rassemblés depuis plus de vingt-cinq ans par le musicographe Manuel Cornejo, président de l’Association des amis de Maurice Ravel, les documents étalés sur quarante-deux ans et 2 934 pages – deux tomes aussi lourds que des pavés – offrent, avec leurs annexes, une foultitude de possibilités pour tenter de percer le mystère du dandy de Monfort-l’Amaury.
Le projet d’une lecture intégrale de l’ouvrage tient de la démence. Elle consisterait à se greffer aussi près que possible du quotidien de Ravel, à la minute près, tout en n’y parvenant jamais. De nombreux documents manquent encore, certaines collections de lettres, notamment avec Ida Rubinstein (dédicataire du Boléro) ou les éditions musicales Durand, comme l’explique Manuel Cornejo à Libération, n’étant pas accessibles ou perdues. Nous avons donc choisi d’explorer deux moments traumatiques de la vie du compositeur, loin de ses œuvres, pour tenter de découvrir les traits de l’homme qui se livre à chaud, et non de l’artiste p