Qu’est-ce qu’une illusion d’optique dans un roman ? Qu’est-ce qu’un embouteillage de possibilités dans un film ou une photo ? Ou, pour reprendre des questions presque théoriques que pose Regarde, le roman pourtant ultra-narratif de la Finlandaise Marisha Rasi-Koskinen née en 1975 : «Comment identifier l’absence ?» «Ce serait comment d’être une caméra – cela aussi, on peut y réfléchir –, de ne prononcer que les mots des autres, de les voir vous traverser sans avoir la moindre possibilité d’interaction ?» «Qui était coupable, en définitive, et de quoi ?» Au début, ce sont juste deux adolescents qui se rencontrent, une forte relation d’amitié, de visibilité et d’invisibilité, parce qu’il faut savoir : «Tu veux être banal ou tu veux être spécial ?» Spéciaux, ils le sont déjà et c’est un objectif qui prendra consistance à travers ceux de leurs caméras et appareils photos, une consistance à la fois réelle et virtuelle. «Quand on renonce à reproduire la réalité, on commence à voir ce qu’il y a derrière.» Regarde est un roman dont on tourne les pages pour connaître la suite, ce qui va arriver à tel ou tel personnage qu’on retrouve sans avoir d’abord compris que c’était déjà lui quelques dizaines de pages plus tôt, et c’est aussi un texte sur la gémellité intermittente, non pour mettre en cause l’intermittence des relations humaines, quoique, mais plutôt celle de la réalité. Il faut voir que «la solitude n’est pas seulement le fait d’être séparé
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«Regarde» de Marisha Rasi-Koskinen, chambres avec vies
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Le cahier Livres de Libédossier
«Tu veux être banal ou tu veux être spécial ?» (Getty Images)
par Mathieu Lindon
publié le 19 avril 2024 à 13h41
Enquête Libé
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