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Roman

«Braconnages» de Reinhard Kaiser-Mühlecker, ronde de nuit en Haute-Autriche

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Un jeune villageois remet sur pied l’exploitation familiale.

(Getty Images)
Publié le 12/04/2024 à 14h43

Dans la nuit, Jakob, le personnage principal de Braconnages, suit une rivière, les pieds dans l’eau glacée. Il cherche sa chienne Landa qui a «retrouvé le goût du sang». C’est un point de non-retour pour le jeune agriculteur. On peut aussi penser que Jakob va à la rencontre de la partie la plus sombre de lui-même. Et le troisième roman traduit de Reinhard Kaiser-Mühlecker va effectuer une boucle qui nous ramènera vers la fin à une scène somnambulique semblable. Jakob va se débarrasser du chien, comme il joue à la roulette russe avec une arme datant de la guerre. Le livre adopte son point de vue, et il sait certainement pourquoi il a agi ainsi. Le sort fait au chien éveille en revanche chez le lecteur perplexité et inquiétude. Jusqu’où peut aller Jakob ? Reinhard Kaiser-Mühlecker dit avoir été fasciné par ce travail d’écriture sur un personnage qu’on ne comprend pas toujours.

Idées «fumeuses»

Jakob ordinairement est un «héros» très fréquentable. C’est un beau garçon, un gros travailleur. Taciturne et coléreux, certes. Au début, on le voit dans sa vie d’exploitant agricole d’une ferme en déshérence. Le père, Bert, est un homme fantaisiste à la limite de l’internement psychiatrique. Il a vendu une à une les parcelles de la propriété, s’est enlisé dans des idées «fumeuses». Le frère aîné est devenu citadin. La mère fait le strict minimum. Une demi-sœur, profiteuse et manipulatrice, «à sa place nulle part», s’invite régulièrement dans la maison familiale. A l’étage, la