C’est une gageure de réussir à écrire une fiction en sept volumes sur le sujet suivant : au mois de novembre, le 18 exactement, le temps s’arrête et la même journée se répète, se déroule de la même façon, plusieurs années de suite. Les mêmes événements se produisent, les mêmes gestes s’accomplissent, à la même heure. La narratrice, qui a déjà observé et enduré plus de cent vingt 18 novembre lorsque commence le Volume du temps, essaie d’expliquer, sans s’affoler, à son mari, à sa mère puis à sa sœur, que l’horloge s’est détraquée. Mais il n’y a rien à faire, elle demeure la seule personne consciente de ce phénomène. Ecrit par une Danoise qui s’est autoéditée et y travaille depuis une vingtaine d’années, succès de librairie imprévu traduit en vingt-deux langues, le Volume du temps ne relève pas de la science-fiction et appartient à peine au genre fantastique. Ce n’est pas non plus un texte expérimental stylistiquement. La cause de la «défectuosité du temps» n’est pas recherchée. Pour échapper à la dépression que risque d’entraîner cette répétition, cette condamnation à l’éternel retour, la narratrice part de chez elle et voyage de ville européenne en ville européenne, afin que varient les décors, les saisons, les lumières et les températures, les discussions et les interlocuteurs. Le Volume du temps devient, une fois l’incongruité de la situation posée et exposée au lecteur, une réflexion, parfois superbe, sur la solitude, la responsabilité individu
Eternel retour
Rencontre avec Solvej Balle, l’autrice du «Volume du temps» : «L’idée doit se dissoudre dans le texte comme le sucre dans la tasse de café»
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Solvej Balle à Paris, le 7 mars. (Emma Birski/Libération)
publié le 15 mars 2024 à 15h19
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