Comment se faire l’interprète d’un esprit autant que d’une plume, comment atteindre la fidélité du mot, en tournant et retournant la langue d’un autre dans la sienne ? Et surtout, comment éviter, en traduisant de l’anglais, langue où le neutre est roi, au français si binaire, d’enfermer le résultat dans des genres rigides ? Ce sont ces questionnements passionnants – comme le sont toujours les enjeux de traduction – qui ont abouti à une nouvelle version de 4:48 Psychose, la dernière pièce de la metteuse en scène britannique Sarah Kane, terminée juste avant son suicide à 28 ans en 1999 et parue de manière posthume.
C’est une nouvelle vie, si on ose dire, pour ce texte qui ne mâche pas sa morbidité, monologue interne tragique d’une femme avant sa mort programmée pour 4h48. Ce chant «sans espoir au bord du précipice», parfait brouhaha depuis les affres de la dépression où les frontières entre ce qui est pensée et ce qui est le monde sont totalement élastiques, est mis en regard avec Skin, l’un des premiers écrits de Sarah Kane. Il reparaît vingt-trois ans après sa première publication en français en 2001, toujours chez les éditions montreuilloises de l’Arche, dans la bien nommée collection «Des écrits pour la parole», qui se charge de brouill