Par quelle magie un roman ou un récit nous accroche-t-il dès les premières lignes ? C’est le grand mystère de la littérature, d’autant que les lecteurs n’ont pas tous la même sensibilité aux mots et aux atmosphères. Le récit que nous conte Jonathan Lichtenstein fait partie de ces livres dans lesquels on se plonge comme dans un bain bouillant au cœur de l’hiver. Avec la sensation de retrouver des sentiments familiers, un univers qui nous parle tout en nous surprenant. Les témoignages personnels et familiaux de la Seconde Guerre mondiale sont légion, enfants, petits-enfants et désormais arrière-petits-enfants éprouvant le besoin de remonter le fil d’une histoire tragique ayant façonné en partie leurs propres personnalités car chargées de douleurs et de traumatismes, parfois héréditaires.
Un homme taiseux, au comportement erratique
Le récit de Lichtenstein part d’un épisode peu connu de cette période, une opération humanitaire baptisée «Kindertransport», qui a permis à 10 000 jeunes enfants, juifs pour la plupart, d’être exfiltrés d’Allemagne, de Pologne, d’Autriche, des Pays-Bas et de Tchécoslovaquie vers le Royaume-Uni entre 1938 et 1940. Le père de l’auteur, Hans Lichtenstein, faisait partie du convoi. En quittant l’Allemagne nazie à 12 ans, il quittait sa famille qu’il ne reverrait plus, et aussi sa culture juive. Un monde en somme qui, loin de s’effacer, grandira en lui au point de l’étouffer, d’en faire cet homme au comportement erratique, parfois violent, qui déconcertera, voire effraiera souvent ses enfants.
«Lo