Menu
Libération
Roman

«Le Paradis des fous» de Richard Ford : Charcot au pays de «Fargo»

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Dans «le Paradis des fous», le héros au long cours Frank Bascombe revient, cette fois accompagné de son fils gravement malade. Un duo picaresque, dans le genre Don Quichotte et Sancho Pança.
Ça sent le mauvais café et ça caille sec. Ici au Québec, en 2016. (Bertrand Carrière/Agence VU)
publié le 20 septembre 2024 à 15h18

Frank Bascombe, le héros à la vie presque ordinaire de Richard Ford, est né au roman en 1986, dans Un week-end dans le Michigan. Il avait 38 ans, soit quatre ans de moins que son créateur, quelques échecs et un deuil impossible. L’un de ses deux fils était mort, enfant, d’un cancer. Il en est de nouveau question dans le Paradis des fous : plus on vieillit, plus le miroir qu’on promène au bord de la route reflète des souvenirs qui nous définissent et nous ralentissent. Ensuite, il avait divorcé. Après avoir publié un recueil de nouvelles, il avait renoncé à être écrivain pour devenir journaliste sportif. Dès la première page de son existence, il avait ce ton de constat fataliste, raisonnablement optimiste, qui a permis au lecteur, ce directeur des ressources humaines, de l’embaucher en CDI : «Pendant ces douze années ma vie n’a guère été désagréable, et elle ne l’est pas plus aujourd’hui. Pour l’essentiel elle a même été formidable. Bien qu’en vieillissant les choses m’effraient chaque jour davantage, et qu’il me semble toujours plus évident que des catastrophes risquent de vous arriver à tout moment, et vous arrivent bel et bien, peu d’inquiétudes réelles m’empêchent vraiment de dormir.»

Une nouvelle catastrophe intime est arrivée, vous allez voir, mais, à 74 ans, Frank Bascombe dort quand même, que ce soit dans un vieux camping-car glacé ou dans la chambre d’un motel du Midwest. Il reste un écrivain raté, un moraliste sur la route, u