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Romans et nouvelles

Robert Goolrick dans le tourbillon de la démesure 

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Les œuvres complètes de l’auteur américain, mort en 2022 qui connut ascensions, chutes et rechutes; viennent de paraître.
Robert Goolrick, à Paris, en 2019. (Joel Saget/AFP)
publié le 29 décembre 2023 à 12h57

Il paraît qu’il vaut mieux ne pas rencontrer un écrivain que l’on admire, car on risque d’être déçu, surtout s’il s’agit d’un grand écrivain. L’écart entre l’homme et l’artiste serait énorme, la sensibilité du second inversement développée par rapport à celle du premier. La pratique en la matière invalide plutôt cette légende. Elle ne tient pas la route notamment, semble-t-il, avec Robert Goolrick. Né en 1948 en Virginie, il est mort en 2022 dans le même Etat américain, alors qu’il souhaitait s’éteindre en France. Il a dédié à notre pays son dernier livre, intitulé Ainsi passe la gloire du monde, avant de mettre en exergue cette phrase de Gatsby le magnifique : «Je suis le seul homme honnête que je connaisse.» Fitzgerald était l’écrivain que, parmi ses compatriotes, Goolrick admirait le plus, et Emmanuel Carrère, l’écrivain français contemporain qu’il préférait.

«La Faute, l’un des fils rouges de son œuvre»

Dans la préface qu’elle signe pour le volume qui vient de paraître et qui rassemble les œuvres complètes de Goolrick, sa traductrice en français, Marie de Prémonville, dresse son portrait. Sous sa plume apparaît un être intense, désabusé, drôle, profondément blessé. Au fil des ans, l’écrivain était devenu l’ami de la traductrice. Il éta