Quand on «ne sait pas quoi faire», il y a mille choses à faire : courir dans le parc, lire, voir un film, regarder passer les péniches, jouer à la console, se rendre à la salle de sport… La première idée qui se présente est rarement celle de visiter un cimetière. Au cimetière, on se rend à certaines occasions et certains jours, par dévotion, piété, devoir, habitude – du moins s’il s’agit de se recueillir sur la tombe d’un proche et non d’aller fleurir le tombeau d’Héloïse et Abélard, d’Alfred de Musset ou de Jim Morrison. Certes, d’aucuns le tiennent pour un lieu adrénalinogène, propice aux frissons et aux fantasmes, d’autres lui vouent une véritable passion (on les dit taphophiles), et maints écrivains et écrivaines, poètes, chercheurs en sciences humaines, y ont trouvé inspiration et objets d’étude, y ont recueilli suffisamment d’éléments de connaissance pour nourrir une histoire des typologies d’ensevelissement, une sémiologie des inscriptions tombales, une géographie sociale des espaces et des pratiques funéraires, une esthétique des monuments, une sociologie des ritualités, une anthropologie… Mais en général – est-ce si sûr ? – on préfère aller à la patinoire, ou au square, plutôt qu’au cimetière.
Le petit Robert n’a pas trop eu le choix. Dans l’impasse qu’il habitait à East Oakland, Californie, et qui se nommait Lilac Street bien qu’aucun lilas n’y ait jamais poussé,