Menu
Libération
Entretien

Robert Seethaler : «Je vois les choses avec les paupières closes»

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre avec le romancier berlinois d’adoption, autour du «Café sans nom», situé à Vienne dans le quartier des Carmélites où l’auteur a grandi.
Robert Seethaler, en février 2022 à Paris. (Jean-Luc Bertini/Jean-Luc Bertini / Pasco)
publié le 3 novembre 2023 à 15h56

Né en 1966, année à laquelle débute son cinquième roman, le Café sans nom, le Viennois Robert Seethaler est très grand, très beau. Berlinois d’adoption, célèbre et reconnu Outre-Rhin, il était à Paris pour quelques jours au mois de septembre. Dans le bureau de son éditrice, Sabine Wespieser, c’est cet homme réservé et observateur qui a commencé à poser des questions, précises, signe notamment d’une curiosité d’écrivain. Aux questions qu’on lui adresse en revanche, il a d’abord répondu succinctement. Comment qualifierait-il le caractère de Robert Simon, le héros, patron débutant d’un café décati dans le quartier populaire viennois des Carmélites ? «Il n’y a qu’à lire le livre, tout est dedans. Ma réponse est sincère, car c’est à travers le travail de l’écriture que j’ai dit qui était Robert. Le décrire à l’oral, de l’extérieur, ce n’est pas possible. C’est au lecteur de se faire activement une idée.» Robert Seethaler est un praticien et un maître de l’ellipse. Il est tourné vers l’intérieur et pourtant il effleure les sensations, il éclaire délicatement les moments furtifs où ses personnages font un bilan d’étape avant de reprendre le cours de l’existence. Cette économie de l’écriture s’accompagne, autre paradoxe, d’une constante douceur. Elle est étrangère à la sécheresse.

Journalier sur le marché, Robert Simon, qui fut enfant pendant la Sec