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Libération
Jumelles

«Roman de Ronce et d’Epine», noir enchantement

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Des jumelles prises dans la forêt vénéneuse du conte fantastique de Lucie Baratte.
Lucie Baratte. (Eric Le Brun)
publié le 13 septembre 2024 à 11h43

Après sa relecture originale de Barbe bleue dans le Chien noir (2020), Lucie Baratte revient avec le même type d’univers axé cette fois sur les liens filiaux. Le dire comme ça pourrait faire penser à un énième récit familial, or Roman de Ronce et d’Epine a le fond et la plastique d’une pure fiction. Il utilise les codes et décors traditionnels du conte – un château moyenâgeux, des filles promises à broder des années durant au coin de l’âtre tandis que monsieur chasse à courre ou part mourir en croisade –, et bien sûr son ferment de fantastique. Comment renouveler les canevas familiers d’une culture ancienne et souvent enfantine ? On sent que l’autrice, nourrie aux romans des sœurs Brontë et d’Angela Carter, a aiguisé ses griffes pour détourner les attendus, les hiérarchies, les happy ends et même les bas instincts de vengeance. Cela n’en est pas moins noir.

Le château est un vase clos

Donc il était une fois un château perdu à l’orée d’une forêt mystérieuse dans lequel naquit un beau matin de printemps deux sœurs, l’une «blonde comme la feuille d’or», l’autre brune «comme la terre sur laquelle pousse la forêt». La nourrice (inamovible) dira que ces deux-là seront à jamais comme Ronce et Epine, «comme la ronce qui enserre et l’épine qui perce». On a vite l’explication du titre, auquel l’autrice a malicieusement rajouté «Roman», songeant pe