La Douleur fantôme réunit des récits où circulent les destins de survivants de la Shoah, d’un officier allemand révolté par ce qu’il voit, de l’un des membres de la bande à Baader, de gens éparpillés avec leurs souvenirs à travers le monde, des albatros que le nazisme a amputés d’une façon ou d’une autre et qui endurent un passé qui ne passe pas. Les histoires naissent toutes en Pologne, le pays d’Ubu et de l’autrice des récits, Hanna Krall ; le pays des ghettos et des camps. La non-fiction y dépasse la fiction ; mais, si elle le fait si bien, c’est aussi parce que Hanna Krall utilise à merveille les outils de la fiction. Ses histoires vraies sont contées avec une minutie sans effusion, telles des histoires juives, par des détours et des détails comme seule la réalité, quand elle se déchaîne, peut en inventer. Au début de l’une d’elles, l’écrivaine remarque que «tout Juif survivant écoute les histoires des autres avec un certain agacement». C’est qu’il en a de meilleures, donc de pires, à raconter : celles qui lui sont arrivées. Le constat pourrait servir d’exergue à Ne courez pas ! Marchez !
Roman Polanski y confronte ses souveni