Dix ans après sa mort, on publie un inédit de Gabriel García Márquez. Nous nous verrons en août est un court roman en six chapitres. C’est l’histoire d’une femme de 46 ans qui décide soudain, chaque 16 août, de rejoindre l’île tropicale où sa mère, pour des raisons inconnues de sa propre fille (et des lecteurs), a voulu être enterrée. Début : «Elle revint dans l’île le vendredi 16 août par le bac de trois heures de l’après-midi. Elle portait un jean, une chemise écossaise à carreaux, des chaussures simples à talons plats, sans bas, une ombrelle en satin, son sac à main, et, pour tout bagage, une mallette de plage.» Pourquoi le 16 août ? Sa mère est sans doute morte ce jour-là, mais on n’en sait rien. Pourquoi un «vendredi» 16 août ? La date et le jour sont comme des lueurs dans le brouillard, de même que les livres lus par la femme, à commencer par Dracula. Ce ne sont pas des références, ni des objets d’analyse. Ce sont des notes, des signes, échos concrets de mystères que la fiction révèle sans les résoudre. Ils appartiennent à l’écrivain, à ses personnages. Le lecteur les découvre dans la vapeur des situations et des mots.
En chemin, la femme achète des glaïeuls, puis rejoint en taxi le cimetière : «