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Roman

Rouda en roue libre 

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Le cahier Livres de Libédossier
Le slameur et musicien dépeint dans un premier roman la colère et la sensibilité d’un ado de banlieue.
Rouda. (Henri Coutant)
publié le 7 janvier 2023 à 17h53

On parle de l’attaque d’un article, plus rarement de l’attaque d’un roman. C’est pourtant bien une attaque qui ouvre les Mots nus. Avant même d’entrer dans le récit, on est saisi par une langue et un rythme. «Je suis de la génération des émeutes de la faim, des guerres d’Irak, de la chute du mur de Berlin… Je suis fils de la haine, nourri au sein des colères muettes, des révoltes silencieuses», proclame le texte de slam qui lance le roman. Le lecteur est immédiatement entraîné dans un road trip, un city trip plutôt, qui l’emmène d’une zone pavillonnaire du 93 aux cafés de Ménilmontant, il accompagne le narrateur, partageant son goût du danger, son culot, sa curiosité, sa colère, sa sensibilité et son égoïsme, ses contradictions.

Ben a 5 ans à la mort de Bob Marley, 10 ans à celle de Malik Oussekine. A la fin des années 1990, il habite un pavillon dans le quartier Ernest Labrousse, dit la Brousse. Les parents lisent Télé 7 jours et regardent PPDA. Le père boit trop, la mère fume trop. Un vendredi par mois, dîner en famille au Royal Shanghai, le resto chinois de la nationale 3. Au lycée, Ben est un des rares blancs, bon élève de surcroît, mais comme il est pote avec les gitans du bout de la rue, il arrive à éviter les problèmes. Sinon, c’est centre de loisirs, foot et horizon bouché pour tout le monde.

Les Mots nus commence comme la chronique ordinairement frustrante d’une adolescence dans une banlieue ordinairement défavorisée. Ensuite, ça deviendra